ADP: usine à macarons. Fakenews ou désinformation?

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Bruno Lemaire justifie la privatisation d’ADP en affirmant que 75% de son résultat est réalisé par les boutiques, bars et autres restaurants.

La version audio est à votre disposition 🙂

En premier lieu, ces propos, tenus le 9 Avril 2019 sur France Info, sont faux. Il suffit de consulter le communiqué de présentation des résultats d’ADP pour le vérifier. Néanmoins, si le courage vous manque pour le faire, voici comment se décompose le résultat du groupe :

ADP Commerces et services = 37% du résultat total
Résultats ADP 2018 détaillés par activité

Conclusion : si l’activité « Commerces et Services » est bien la première contributrice, elle ne représente qu’un gros tiers du résultat (37%) d’Aéroports de Paris. Cette proportion grimpe à 45% si nous intégrons l’activité immobilière.

Alors ADP, erreur ou manipulation ?

Qui peut savoir ? Seule certitude, pour parler de 75% il faudrait :

  • soit rapporter le résultat « Commerces et services » (458 M€) au « résultat net part du groupe » (610 M€), ce qui reviendrait à comparer des choux à des carottes. En effet, le premier est avant impôts et charges financières, alors que le second est après,
  • soit que les conseillers de Bercy aient opté pour un calcul simpliste et pour le moins hâtif. Le résultat des activités aéroportuaires étant de 307 M€ sur 1237 M€ (25%), ils auraient conclu que boutiques, bars et restaurants représentent la différence : 75% ! Raisonnement franchement court s’il en est.

Un raisonnement franchement très court !

  1. En premier lieu parce que l’aéroportuaire délivre un EBITDA de 603 M€ supérieur aux 580 M€ des commerces et services. Si l’équilibre s’inverse ensuite, s’est parce que l’aéroportuaire porte l’essentiel des investissements lourds sans lesquels « commerces et services » n’existeraient même pas.
  2. Ensuite, parce que dans « international et développements aéroportuaires » (339 M€ et 27% du total) il y a aéroportuaire.
  3. Cette situation est comparable au restaurateur qui fait l’essentiel de sa marge sur les boissons. Sans sa cuisine celles-ci ne se vendraient pas et sans les boissons son revenu se trouverait largement amputé. Devrait-il fermer la cuisine ? Cesser de vendre à boire ?
  4. Enfin parce que, grâce au travail réalisé par les équipes en place, ADP est en 2018 N°1 Mondial des activités aéroportuaires, avec une marge record de 43.8% et des perspectives de développement séduisantes : la France accueille les JO en 2024 et le trafic aérien doit doubler d’ici à 2037. Rien que çà !

Alors, n’est-il pas un peu « court » de réduire un tel groupe à un simple résultat financier ? Que recherche véritablement B. Lemaire avec cette démonstration dite « des macarons » ?

Et si ce raisonnement masquait une nouvelle logique économique ?

En effet, il se pourrait bien que ce débat ne dissimule un phénomène d’une toute autre ampleur. Il s’agirait de généraliser une logique économique qui réserverait les charges à l’état et les bénéfices au privé. Ainsi, nous serions condamnés aux impôts alors que les dividendes iraient aux actionnaires.

Rien de nouveau me direz-vous, les autoroutes ont ouvert la voie et, comme le montre le dernier rapport 2018 sur les inégalités dans le monde, c’est l’ensemble du patrimoine public qui menace de passer au privé.

ADP, un petit air de déjà vu !

Cependant, il y a avec ADP un petit air de déjà vu ! En effet, qui sera en lice pour récupérer le bébé ? Vinci bien-sûr, entre autres ! Ce même Vinci qui a récupéré en partie la manne autoroutière. Ce même Vinci qui réclame aujourd’hui 1 milliard d’euros à l’état au nom de Notre Dame des Landes. Il y a de quoi rester pensif …

D’ailleurs, bien qu’ADP se trouve sous le feu des projecteurs, la loi PACTE va plus loin. Effectivement, elle concerne tout autant la Française des jeux (FDJ) et son business de l’addiction aux jeux d’argent qu’Engie et la très stratégique fourniture d’énergie.

Alors puisque nous tenons des entreprises profitables à l’avenir potentiellement radieux, pourquoi les vendre? Pourquoi remplacer une rente généreuse et sure par du cash? Question particulièrement pertinente à l’heure ou le coût de l’argent est à son plus bas.

Par la Rédaction JPM

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