Notre Dame de Paris, l’incendie: un drame? une chance?

Notre Dame en flammes

Nous avons tous vécu l’incendie de Notre Dame comme un drame. Aucun doute à ce sujet ! Pourtant, en poussant la réflexion un peu plus loin, il se pourrait que cet évènement constitue une chance. La chance de prendre un peu de hauteur et de voir où nous en sommes. La chance d’ouvrir les yeux pour mieux préparer l’avenir, à la façon d’un drame messager qui nous conduirait à … réfléchir.

Posons-nous les bonnes questions

Effectivement, pourquoi n’aborderions nous pas cette catastrophe à la manière de Nelson Mandela :

Je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j’apprends !

De la sorte, étant acquis que Notre Dame est sauvée, il ne nous resterait plus qu’à apprendre. Apprendre qu’il subsiste de nombreux autres trésors à sauver. Apprendre que ceux-ci ne se limitent pas aux pierres, toiles ou autres œuvres artistiques. Enfin, apprendre, ou plus exactement reconnaître, que nous ne faisons pas toujours porter nos efforts et nos moyens sur les bons sujets.

Le comprendrons-nous ? Nous poserons nous enfin les bonnes questions ?

Quel usage faisons-nous de nos connaissances et de nos technologies ?

A l’heure des robots, des drones et de l’intelligence artificielle, alors que la startup nation triomphe, il fût impossible d’empêcher le feu de se propager. 

C’est impensable ! Bien sûr, il y en aura toujours pour dire qu’un accident « ça arrive ». Et d’autres pour se satisfaire, à juste titre, d’un monument sauf pour l’essentiel et de l’absence de victime.

Pourtant un trésor est perdu. Cette charpente, « la forêt », témoignait de plus de 800 ans d’histoire. Il n’en reste rien !

Où était la technologie ? Où était le génie inventif français ? Ont-ils été employés à bon escient ? Pourquoi n’ont-ils pas su préserver ces trésors, pourtant intacts depuis près de  mille ans, malgré les guerres et les hommes !

Quel usage faisons-nous de la richesse créée ?

Le budget dédié à l’entretien des monuments historiques est ridicule

331 M€ ! Tels sont les crédits de paiement, accordés au budget 2019, pour prendre soin des 44 198 immeubles et quelques 298 000 objets mobiliers classés ou inscrits aux monuments historiques. En fait, cela représente mois de 1000 euros pour chacun d’eux ! Difficile d’espérer les meilleures garanties de préservation et de valorisation dans ces conditions. Par contre, comparé aux 300 millions d’euros qui affluèrent avant même que les flammes ne soient éteintes, ce budget à de quoi générer de l’émotion.

D’autant que l’état dépense près d’1 milliard d’Euros par an pour des fondations privées …

En effet, dans son dernier rapport, la cours des comptes indique que le soutien public au mécénat d’entreprise aura coûté 902 M€ en 2017. Chose plus surprenante, elle nous apprend qu’il n’y a plus d’évaluation pour 2018/19, le calcul serait, parait-il, trop complexe à réaliser ! Néanmoins, une chose est sure, depuis son instauration en 2003, la facture de la (ouvre un nouvel o « loi Aillagon » s’élève déjà à 6,5 milliards d’euros.

6,5 milliards d’euros qui auraient pu sauver Notre Dame …

Car il s’agit bien de cela ! Faisons un calcul simple : si l’état avait donné un million d’euros pour développer des projets de lutte contre les incendies, 6500 propositions auraient vu le jour ! Sans faire excès d’optimisme, nous pouvons penser qu’au moins l’une d’entre elles aurait évité le drame.

En outre, combien de musées du Louvre, d’universités ou d’entreprises publiques auraient pu être créés avec une telle somme ? Plutôt organiser un loto du patrimoine pour récupérer une vingtaine de millions payés volontairement par les contribuables !

6,5 milliards qui auraient permis de créer plus de 300 000 emplois

Effectivement, ces projets auraient permis de financer la création de plus de 300 000 emplois (calcul réalisé sur la base d’un SMIC, charges incluses). Ces créations n’auraient probablement pas toutes été pérennisées, mais d’elles seraient peut-être nées les futures licornes françaises.

Quel usage faisons-nous de notre héritage culturel ?

En fait, nous sommes chanceux. L’histoire de notre pays a laissé de nombreux joyaux habités par cette âme française qui attire tant. Qu’en faisons-nous aujourd’hui ? De quelles ambitions les investissons-nous ? Comment la formidable créativité hexagonale réinvente-t-elle la raison d’être et l’avenir de ces lieux et objets incroyables ?

Pour ne prendre qu’un exemple, le château de Versailles, avec ses 7,7 millions de visiteurs, a recueilli pour 65 millions d’euros de recettes (hors subventions et mécénat). Cela représente environ 8 € par visiteur. C’est peu !

Le Puy du Fou, avec un peu plus de deux millions de visiteurs, dépasse quant à lui les 100 millions d’euros de revenus. N’y a-t-il pas là de quoi réfléchir ?

Le budget « acquisitions et enrichissement des collections publiques » en atteste du haut de ses 9.8 millions d’euros, l’ambition est modeste. Toutefois, face aux 2 milliards d’euros que Disney s’apprête à investir dans son parc parisien, ne devrions-nous pas nous demander si notre stratégie est la bonne ?

Alors que faut-il retirer de la tragédie de Notre Dame ?

En tout premier lieu, nous pouvons retenir que si Notre Dame permet de poser les bonnes questions et, osons l’espérer, d’y répondre, alors son sacrifice n’aura pas été vain ! Peut-être nous conduira-t-il à protéger les multiples trésors en danger. Des trésors certes historiques et architecturaux, mais pas seulement :

Trésor N°1 : protéger la vie, donc la planète

Ne nous trompons pas, sur cette planète que nous maltraitons tant, c’est bien notre propre existence qui est en question. La terre, quant à elle, ne risque rien. Elle continuera sa course, quoi qu’il arrive. Aussi, ne pensez-vous pas qu’il est primordial de protéger notre vie, celle de nos enfants et de ceux que nous aimons ?

Trésor N°2 : protéger notre démocratie et notre liberté

N’oublions pas non plus notre belle démocratie et la liberté que nos ancêtres nous ont offert. En disposerons-nous encore demain alors que les populismes couvent ? N’auront-elles pas été vaincues par toutes ces voix qui s’élèvent, en Europe et dans le monde, pour battre en brèches les principes fondamentaux de notre nation ? Spectateurs passifs de cette dérive, ne finirons-nous pas par nous lever, un beau matin, dans une France oublieuse de l’héritage des siècles des lumières. N’y-a-t-il pas, là encore, un trésor à protéger.

Trésor N°3 : Protéger les plus faibles

Enfin, peut-être que Notre Dame, calcinée et chancelante, nous aidera à retrouver nos engagements d’hier. Lorsque, au lendemain de la seconde guerre mondiale, le CNR (comité Nationale de la Résistance) écrivait :

« La possibilité effective pour tous les enfants français de bénéficier de l’instruction
et d’accéder à la culture la plus développée, quelle que soit la situation de fortune de
leurs parents, afin que les fonctions les plus hautes soient réellement accessibles à
tous ceux qui auront les capacités requises pour les exercer et que soit ainsi promue
une élite véritable, non de naissance mais de mérite, et constamment renouvelée par
les apports populaires » 

Programme du Commité National de la Résistance du 15 Mars 1944.

Sommes-nous aujourd’hui toujours en accord avec cette ambition ? Cette Culture et cette instruction, ouvertes à tous, sont-elles encore d’actualité ?

Attendrons-nous d’autres drames ?

Qui donc sait où vont les hommes ? Faut-il des drames ou des guerres pour ouvrir les yeux ? Cet incendie peut-il toutefois déboucher sur autre chose qu’un planning de travaux ? Même ambitieux ! Toutes ces questions méritent réponses sans quoi l’exaspération des  foules menace de conduire à des conclusions redoutables. Les élections européennes du 26 Mai prochain pourraient bien être la toute première concrétisation de  ce phénomène.

La rédaction

Notre Dame de Paris, l’incendie: un drame? une chance?

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